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À quoi nous sert notre anxiété ?

  • Photo du rédacteur: Violet Grodent
    Violet Grodent
  • 14 oct.
  • 5 min de lecture
Personnage d'Anxiété dans Vice Versa 2
Personnage d'Anxiété dans Vice Versa 2

Motif courant voire prioritaire de consultation en psychothérapie, l'anxiété touche un grand nombre de personnes au quotidien. En 2021, le Baromètre Santé Publique France montre que 12,5% des personnes âgées entre 18 et 85 ans présentaient un état anxieux, soit plus d’une personne sur 10. Concernant les personnes de la communauté LGBTQIA+, ce chiffre monte à 61% selon une étude britannique de 2018 ! En effet, le vécu de nombreuses discriminations - d’autant plus dans le contexte politique actuel de montée du fascisme véhiculant des propos et idées haineuses à l'encontre des populations minorisées - et l’exposition à davantage de précarité au cours de son existence joue grandement sur le niveau d’anxiété.


Cette notion d’état anxieux est certes très large, mais ce chiffre peut déjà aider à déculpabiliser : nous sommes beaucoup à être concerné.e.s par le sentiment d’anxiété et à réussir à vivre avec.


Pour autant, un des facteurs pouvant permettre de l'accepter davantage lorsqu'elle se manifeste est de comprendre le rôle qu'elle joue en tant qu'émotion. Elle n'est peut-être pas si inutile que vous le croyez !


Différencier le stress de l'anxiété


Avant toute chose, posons les bases comme il se doit. Ces deux notions, souvent confondues et prises pour similaires dans le langage courant, sont pourtant nuançables.


Le stress est un ensemble de réponses de l'organisme suite à l'apparition d'un stimulus, voire d'un choc important, qui se produit de manière soudaine et inattendue - comme dans le cas extrême des évènements traumatiques. En temps normal, ces réactions nous permettent de déclencher une réaction d'adaptation permettant de restaurer notre équilibre interne alors perturbé.

Lorsque le stresseur est trop intense ou dure trop longtemps, l'équilibre interne bascule. C'est à ce moment-là que peuvent prendre place les troubles physiques et/ou psychiques.


L'anxiété, quant à elle, caractérise plutôt cette sensation diffuse que l'on ressent plus ou moins fréquemment dans le corps et qui constitue une émotion à part entière. Et surtout, elle arrive en amont d'un danger potentiel imaginé par notre cerveau et non de manière réactionnelle comme le stress.


Ainsi, ces notions, bien que proches, sont légèrement différentes et permettent de préciser notre propos.


Quel est son rôle ?


Nous protéger du danger et mobiliser nos ressources internes


Le stress agit comme un signal d'alarme et d'alerte pour notre cerveau, qui déclenche alors des réponses adaptatives via notre système nerveux autonome (système nerveux sympathique et parasympathique) nous permettant d'assurer la survie de notre espèce, comme nous l'avons détaillé juste avant. C'est donc un mécanisme d'adaptation primaire et essentiel.


L'anxiété, elle, de manière plus concrète, peut nous aider à améliorer notre implication dans un projet qui nous est cher par exemple. Un patient me l'a dit lui-même en séance récemment (la situation a été changée pour garantir l'anonymat et la confidentialité) :

"J'ai ma première exposition la semaine prochaine, je suis super stressé. Mais je le vois comme quelque chose de positif, ça me permet de me mettre à fond dedans."

Guider nos décisions et nos réflexions


Lorsque l'on ressent de l'anxiété, celle-ci peut être désagréable mais aussi un indicateur sur les décisions que nous prenons, comme pour ce patient. L'anxiété est-elle porteuse pour moi dans cette situation, ou au contraire me bloque-t-elle ? Me pousse-t-elle à revoir certaines choses à bon escient, ou au contraire me tire-t-elle vers le bas ? Qu'est-ce qui fait que cette fois-ci, l'anxiété est porteuse, contrairement à d'autres fois ?


Cela rejoint la notion de limite : ont-elles été dépassées ? Mes besoins sont-ils comblés dans cette situation à venir ? L'anxiété permet de nous recentrer sur nous et de faire un point, car notre corps nous le réclame également. Comment ainsi agir la prochaine fois pour la réduire si elle a été désagréable, ou au contraire la remobiliser à bon escient pour qu'elle me donne la motivation nécessaire à la réalisation d'une tâche ?


C'est un réel bilan intéressant que l'anxiété peut nous permettre de faire avec nous-même !


Nous alerter sur une souffrance interne


Lorsque ce bilan se révèle plutôt alertant, ou bien que nous jugeons que l'anxiété prend simplement trop de place dans notre vie, cela crée une souffrance psychique, voire physique.

L'anxiété peut être à l'origine de maladies de la peau comme l'eczéma, le psoriasis... Et peuvent avoir une composante héréditaire !

Boule au ventre, tensions musculaires, gorge nouée, perte d'appétit, compensation avec des rituels à tendance obsessionnelle, ballonnements, élévation du rythme cardiaque... Les signes sont nombreux, mais cependant non spécifiques à l'anxiété : on peut les retrouver dans d'autres pathologies. C'est pour cela qu'apprendre à repérer l'apparition de son anxiété et les signes somatiques associés peut aider dans sa gestion quotidienne. Cela évite de la laisser prendre une place considérable en la désamorçant rapidement.


Comment mieux gérer son anxiété lorsqu'elle nous dépasse ?


Il existe une multitude de techniques pour gérer son anxiété. La littérature scientifique recommande notamment parmi celles-ci les exercices de respiration et de pleine conscience. Mais pourquoi donc ? La méditation, ce n'est pas pour les yoggies aguéri.e.s ?


En effet, se recentrer sur sa respiration possède un double avantage : cela permet non seulement de faire revenir son esprit et son corps dans le présent et briser les ruminations sur un futur anticipé (qui, on le rappelle, est à ce stade totalement imaginaire et fantasmé ;)), mais aussi de mobiliser notre système nerveux parasympathique (celui dont je vous ai parlé plus haut). Ce dernier permet notamment de faire baisser le rythme cardiaque et ainsi agir sur les sensations corporelles ressenties, une autre clé pour retrouver un état d’apaisement. Donc non, la méditation n'est pas une pratique marginale, au contraire ! L'intégrer à notre quotidien lorsque cela est possible ne pourra être que bénéfique.


Mais rassurez-vous, il existe aussi d'autres alternatives ! La méthode 5-4-3-2-1, la respiration en carré, l'exercice de la tasse de café (ou pour les non amateur.ices : de la boisson chaude)... Et plus globalement, travailler sur la défusion avec nos pensées est un exercice très efficace au long court, permettant aussi de travailler sur l'estime de soi.


Et tout cela peut bien sûr aussi se travailler en thérapie ;)



Sources :

Et vous, vous avez des astuces que vous utilisez contre l'anxiété ? N'hésitez pas à les partager en commentaires, et à me dire ce que vous avez pensé de cet article :)

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